Demain l’aube… – Thomas B. Reverdy

Lecture d’amour du 28 janvier 2022

Les amours qui durent m’émeuvent autant que les débuts. Ils ont cette force d’embrasser le temps qui passe à bras le corps, sans le nier mais au contraire en le célébrant.

C’est, au-delà de sa poésie douce et calme, ce qui m’a touchée dans le texte que je vous présente aujourd’hui. Je l’ai trouvé dans le 1, cet hebdomadaire si chouette !

Il y est question d’une aube, une nouvelle aube, de la possibilité chaque jour de créer le renouveau. Rien que cette idée est belle, non ?!

Sur ce, je vous embrasse !

PS : Tous les 15 jours, je vous présente une lecture d’amour. Qu’elle soit issue de la littérature, de la chanson, de la poésie, il y a toujours de beaux mots à partager !

Je t’ai croisée sans vraiment m’y attendre…

… Et en même temps, on avait rendez-vous 🙂

Vous connaissez Oldelaf ? Moi j’adore, il est très drôle, certes mais pas que ! Il a ce don de décrire des scènes douces et délicates, de nous faire entrer dans la tête de héros ordinaires, de ceux qui doutent, qui hésitent et qui, parfois, trébuchent.

Dans Les mains froides, notre héros est séduit mais ne sait pas trop le montrer, il aimerait dire des choses qu’il ne dit pas ou pas comme il faut ! Mais, heureusement, il a face à lui une femme qui sait ce qu’elle veut et qui aime à la fois sa maladresse et ses mains froides 🙃

C’est un bonbon que je vous offre aujourd’hui, une gourmandise que l’on termine le sourire aux lèvres. J’espère que vous aimerez 😊

Je vous embrasse, belle journée à vous !

Chaque semaine, je vous présente une lecture d’amour. Qu’elle soit issue de la littérature, de la chanson, de la poésie, il y a toujours de beaux mots à partager !

Lectures d’amour

J’ai commencé pendant le confinement à partager mes lectures d’amour sur Instagram. D’abord une par jour pour apporter une dose de douceur, de poésie, parfois de philosophie.

La vie ayant repris son cours, j’ai eu envie de conserver le rendez-vous, c’est toutes les semaines, le vendredi pour terminer la semaine en amour !

https://www.youtube.com/watch?v=PgnpY0tMzkc&t=183s

Retrouvez-les toutes sur mon IGTV et sur ma chaîne YouTube.

«Aimer, c’est partager» par Martin Gray

Un classique de cérémonie : Martin Gray

« Aimer, c’est partager » de Martin Gray, c’est un classique. On l’entend beaucoup dans les cérémonies et ce n’est pas par hasard. Si Jacques Brel l’est aussi avec ses Souhaits aux aventuriers de la vie, avec Martin Gray on touche à autre chose. Jacques Brel, c’est la douceur et la poésie alors que Gray touche à quelque chose de plus solennel. Son ton est plus docte et nombre de ses textes peuvent être lus pour créer un moment plein de révérence.

Aimer, c'est partager
© Eva Balogh

Lire Martin Gray avec un peu de recul

Honnêtement, on peut puiser des textes très beaux dans le Livre de la vie, ou même dans Le nouveau livre, alors faites-vous plaisir ! Il y a de jolies définitions de l’amour, des réflexions sur le couple, la famille et le mariage qui portent à réflexion et peuvent apporter une belle émotion.

Mon seul bémol est dans la lecture complète de ces œuvres. Alors oui je sais, Martin Gray aurait 97 ans cette année et il a grandi à une autre époque ; il a traversé des épreuves horribles (aussi bien pendant la seconde guerre mondiale que plus tard quand il a perdu sa famille dans un incendie) mais pour le dire gentiment, ce monsieur n’était pas la personne la plus tolérante du monde. Quant à l’homosexualité notamment ou au rôle de la femme. Et c’est pour cela que j’ai été plus d’une fois circonspecte quand je lisais ses livres dans leur intégralité.

Ce bémol étant posé, je vous laisse juges des textes et vous présente ce classique de cérémonie. Il fait partie de ces définitions qu’on imagine bien lues par un parent ou une figure parentale. Et vous, qu’en pensez-vous ?

Alors aimer c’est quoi selon Martin Gray ?

Aimer, c’est partager des mots, des regards, des espoirs, des craintes.
L’Amour n’est jamais contrainte.
Il est joie, liberté, force.
L’Amour est emportement et enthousiasme.
L’Amour est risque.
N’aiment et ne sont pas aimés ceux qui veulent épargner, économiser leurs sentiments.
L’Amour est générosité, l’amour est prodigalité, l’amour est échange.
Qui donne beaucoup reçoit beaucoup en fin de compte.
Car nous possédons ce que nous donnons.
Aimer ce n’est pas mutiler l’autre, le dominer, mais l’accompagner dans sa course, l’aider.
Savoir accepter l’autre tel qu’il est.
Être joyeux du bonheur qu’il trouve.
L’aimer dans sa totalité : pour ce qu’il est, laideur et beauté, défauts et qualités.
Voilà les conditions de l’Amour.
Car l’Amour est une vertu d’indulgence, de pardon et de respect de l’autre.

 

Martin Gray, Le livre de la vie, « Aimer, c’est partager »

La Philothérapie d’Eliette Abécassis

Philosopher pour mieux aimer

Philothérapie d'Eliette Abecassis
© Lili Kovac

Le pitch philothérapique 

J’ai lu la philothérapie d’Eliette Abécassis cet été, sur les conseils d’une de mes élèves de la formation « Wedding Officiant » à l’International Wedding Institute, merci Manon !

C’est l’histoire d’une jeune femme qui, après une rupture et des déceptions, veut « guérir de l’amour » car ça lui fait trop mal. Pour effacer la douleur, elle cherche donc à en effacer la cause : l’amour. Elle tombe alors par hasard chez son libraire sur la carte d’un « philothérapeute » et décide de tenter le coup. Et oui pourquoi pas la philo ?

A travers ses différents cours, elle va apprendre à distinguer les mille nuances de l’amour en identifiant ce qui est désir, ce qui est envie ou encore simplement l’amour de soi. Elle apprendra aussi que plutôt que guérir de l’amour, on peut aimer simplement, sereinement en sachant ce qu’on y abandonne et ce qu’on y trouve.

Je n’ai pas tout aimé dans ce livre, j’y ai trouvé des longueurs et j’avais deviné trop tôt le secret sur un des personnages, mais il y a de jolis passages philosophiques que je vous invite à visiter. On y retrouve évidemment Le banquet, mais pas que ! J’y ai aussi trouvé une belle définition du sentiment amoureux et de ce qu’il donne à ressentir. Alors je me suis dit que ça pourrait vous inspirer. C’est juste ci-dessous, vous me direz ce que vous en pensez !

Philothérapie-d'Eliette-Abecassis
© Alice Hampson

Extrait de Philothérapie d’Eliette Abécassis

« L’amour ne produit pas de vérité (…). Il produit du sens. L’amour, parce qu’il est un discours, est
même le plus grand producteur de sens. L’état amoureux donne à vivre, donne à voir, comprendre, il
offre une énergie telle qu’elle unifie et organise tout autour de lui. C’est une couleur qui s’empare d’un
ciel gris. C’est une musique qui couvre le bruit des voitures le matin. C’est un goût que prend chaque
aliment, même le plus fade. C’est un parfum enivrant, qui exalte les sens. L’amour remplit le monde
de beauté, de spiritualité et d’intelligence. Il ouvre les cœurs à la bienveillance. Quand on aime, on
aime le monde entier. »

 

Philothérapie, Eliette Abécassis, 2016, Flammarion

«L’amour vise l’énigme de l’autre»

La sagesse de l’amour, Alain Finkielkraut

Les philosophes et les écrivains parlent d’amour. Ils tentent même de le décrypter. Qu’est-ce qui fait qu’on aime ? Est-ce que cela vient de moi ou de l’autre ? Qu’est-ce qui en l’autre attire l’amour ?

Base de réflexion pour vos vœux ou pour une lecture de cérémonie, à vous de choisir ! Vous saurez comment utiliser cet extrait de La sagesse de l’amour de Finkielkraut autour de l’énigme de l’Autre !

l'énigme de l'autre

 

« Je t’aime.

Toi ? Tes mérites ? L’éclat de ton sourire ? La grâce de ta silhouette ? Ta fragilité ? Ton caractère ? Tes hauts faits ou le seul fait, miraculeux, de ton existence ?

« On n’aime jamais les personnes, mais seulement les qualités, affirme Pascal. Celui qui aime quelqu’un à cause de sa beauté l’aime-t-il ? Non, car la petite vérole qui tuera la beauté sans tuer la personne fera qu’il ne l’aimera plus ».

Selon Hegel, au contraire, aimer c’est attribuer une valeur positive à l’être même de celui qu’on aime indépendamment de ses actes ou de ses propriétés singulières et périssables.

Proust apporte une contribution inédite à ce vénérable débat, en donnant tort à tout le monde. L’amour ne s’adresse ni à la personne ni à la particularité, il vise l’énigme de l’Autre, sa distance, son incognito, cette façon qu’il a de ne jamais être de plain-pied avec moi, même dans nos moments les plus intimes. »

La sagesse de l’amour, Alain Finkielkraut

Amour et voyage

Idée de lecture pour une cérémonie laïque

Parmi mes mariés, j’ai souvent des voyageurs. Je pense d’ailleurs à Laura et Yann. Ils ont visité de nombreux pays du monde seuls ou à deux et ils tiennent à ce que leur mariage soit placé sous le signe de leur passion commune. Ils m’avaient donc demandé de leur proposer un catalogue de textes faisant la part belle aux voyages et aux jolies métaphores qui y sont liées. Comme je suis d’âme généreuse, je partage avec vous un extrait de mes recherches sur les liens entre amour et voyage.

Voilà donc une nouvelle idée de lecture qui nous permet de constater, une fois de plus, que les Chédid cultivent le gène du talent !

amour et voyage

Aucune marche
Aucune navigation
N’égalent celles de la vie
S’actionnant dans tes vaisseaux
Se centrant dans l’îlot du cœur
Se déplaçant d’âge en âge

Aucune exploration
Aucune géologie
Ne se comparent aux circuits du sang
Aux alluvions du corps
Aux éruptions de l’âme

Aucune ascension
Aucun sommet
Ne dominent l’instant
Où s’octroyant forme
La vie te prêta vie
Les versants du monde
Et les ressources du jour

Aucun pays
Aucun périple
Ne rivalisent avec ce bref parcours :
Voyage très singulier
De la vie
Devenue Toi

Andrée CHÉDID, La vie voyage, Épreuves du vivant

Le texte qui marche à tous les coups !

La lettre aux aventuriers de la vie de Brel

Texte cérémonie laïqueDéjà parce que c’est Jacques Brel, ensuite parce que c’est Jacques Brel et enfin parce qu’il a su mettre en quelques lignes les plus beaux vœux que l’on puisse présenter à quelqu’un en général et à un couple qui s’unit en particulier !

Avec ses « Souhaits aux aventuriers de la vie », il réussit à faire frissonner tous les publics, de votre grand-mère tradi à votre cousin ado qui disserte pendant des heures sur le sens de la vie.

Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns. Je vous souhaite d’aimer ce qu’il faut aimer et d’oublier ce qu’il faut oublier. Je vous souhaite des passions, je vous souhaite des silences, Je vous souhaite des chants d’oiseaux au réveil et des rires d’enfants. Je vous souhaite de respecter les différences des autres, parce que le mérite et la valeur de chacun sont souvent à découvrir. Je vous souhaite de résister à l’enlisement, à l’indifférence et aux vertus négatives de notre époque, Je vous souhaite enfin de ne jamais renoncer à la recherche, à l’aventure, à la vie, à l’amour, car la vie est une magnifique aventure et nul de raisonnable ne doit y renoncer sans livrer une rude bataille. Je vous souhaite surtout d’être vous, fier de l’être et heureux, car le bonheur est notre destin véritable.

Et vous, ça vous plaît ? Quel est le texte qui vous renverse à chaque fois ?

Amour et nourriture

Aujourd’hui, la revue de littérature se penche sur « deux passions dévorantes », l’amour et la nourriture ! Pendant mes balades à la bibliothèque, le livre de Willy Pasini m’a sauté aux yeux. Et je n’ai pas été déçue !

Nourriture et amour

L’étude date un peu (1994) mais les thèmes sont universels. Je me suis surtout penchée sur la première partie qui aborde justement les liens récurrents entre amour et nourriture dans la culture et la vie des hommes depuis la nuit des temps.

Au moins deux points communs lient la nourriture et l’amour :

  • Tous deux s’inscrivent dans un ensemble de règles sociales, on apprend l’art d’aimer et on apprend celui de manger. D’ailleurs, le premier espace d’apprentissage de ces deux notions est la famille. On fête les anniversaires avec des gâteaux, on fait des bons repas pour fêter une bonne nouvelle ou pour consoler d’une mauvaise.
  • L’amour et la nourriture ont été aussi bien glorifiés que réprimés. Souvent l’oppression de l’un des concepts coïncidaient avec celle de l’autre. Qu’on pense à la gourmandise posée comme un péché capital autant que la luxure dans le christianisme ou à la pensée grecque qui associait la gourmandise à la volupté de l’amour, la satisfaction de ces deux penchants bloquant l’atteinte de la vertu suprême.

Et pour Pasini, le point commun le plus structurant est qu’on attend de ces deux choses bien plus que la satisfaction d’un besoin primaire. Nourriture et amour nous aident « à transmettre nos sentiments, les bons comme les mauvais ». Il fait ainsi un parallèle entre les repas et la sexualité de ceux qui s’aiment en opposition aux repas et à la sexualité de ceux qui ne s’aiment pas. Que ce soit dans la nourriture comme dans la sexualité, quand on aime on se donne « le plaisir de faire plaisir, (cet) aphrodisiaque inconnu » de ceux qui ne s’engagent pas dans l’amour. Au contraire, quand on ne s’aime pas, la nourriture et la sexualité peuvent être des moyens de punir l’autre, en ne donnant rien ou en donnant mal.

Les liens entre nourriture et amour se retrouvent aussi beaucoup dans le vocabulaire. On part en lune de miel, on caresse une peau de pêche, on a des joues à croquer, on se dévore du regard’. D’ailleurs, quelqu’un de gourmand séduit plus qu’un autre. C’est une des conclusions de l’étude présentée dans la deuxième partie du livre. Pasini écrit ainsi : « la bonne chère attire encore beaucoup de gens, sans doute tous ceux qui n’ont pas perdu le goût de prendre le temps de faire la cour : les gourmets de la vie le sont autant devant une nappe que sous les draps. Pour eux l’érotisme est à la sexualité ce que la gastronomie est à la cuisine ».

Willy Pasini, Nourriture et amour, deux passions dévorantes, Petite bibliothèque Payot, 1994

Origines de l’amour : le mythe des androgynes

Discours sur l’amour

Parlons aujourd’hui de mythes sur l’origine de l’amour et commençons par un classique: le mythe des androgynes.

Ce mythe est tiré du Banquet de Platon, texte qui regorge d’autres odes à l’amour et à ses origines. Mais faisons ici une halte sur le mythe raconté par Aristophane. Pour vous situer rapidement le contexte, Le banquet retrace les échanges partagés lors d’une soirée réunissant plusieurs hommes : médecin, poète, aspirant politique, philosophe, etc. Tous, fatigués de leur soirée de la veille, décident de pas s’enivrer ce soir-là mais de prononcer chacun leur tour un discours portant sur l’amour.

mythe des androgynes

Quelle origine pour l’amour ? 

C’est donc Aristophane, le poète, qui raconte le mythe des androgynes. A l’origine, selon lui, les humains ne ressemblaient pas à ceux que nous connaissons aujourd’hui. Ils avaient l’apparence d’une boule et possédaient quatre jambes, quatre bras, deux têtes, etc. Pour se déplacer ils avançaient de concert, ou alors faisaient comme une roue devenant ainsi très rapides. Chaque individu était composé de deux éléments, tous deux masculins, féminins, ou d’un élément masculin et d’un élément féminin. Ce sont ces derniers qu’on appelait les androgynes.

La constitution des êtres humains leur conférait une vigueur et une force incroyables. Très orgueilleux, ils défièrent les dieux et tentèrent d’accéder à l’Olympe. Les dieux étaient très en colère mais ils ne voulurent pas exterminer les hommes : cela aurait été se priver des honneurs et des dons offerts dans le cadre du culte. Les dieux décidèrent donc d’affaiblir les hommes en les coupant en deux, par le milieu. C’est depuis cette punition que nous avons l’apparence que nous connaissons tous. La coupure imposée par les dieux provoqua de grandes douleurs et, «chaque morceau (de l’être humain), regrettant sa moitié tentait de s’unir à elle. Et, passant, leurs bras autour de l’autre, ils s’enlaçaient mutuellement, parce qu’ils désiraient se confondre en un même être».

C’est de cette coupure originelle que date la naissance de l’amour dans le cœur des humains, car depuis chacun cherche sans cesse sa moitié complémentaire. C’est ce qui explique aussi les préférences sexuelles, un homme faisant partie d’un individu androgyne préférera les femmes, un homme faisant partie d’un individu masculin se tournera vers les hommes, de même une femme issue d’un individu féminin trouvera sa moitié complémentaire en une autre femme.

L’amour comme une nature retrouvée

Ainsi «chaque fois que le hasard met sur le chemin de chacun la partie qui est la moitié de lui-même, tout être humain (…) est alors frappé par un extraordinaire sentiment d’affection, d’apparentement et d’amour ; l’un et l’autre refusent (…) d’être séparés, ne fut-ce que pour un peu de temps». Aristophane ne doute pas du choix que feraient les couples si on leur proposait de les fondre ensemble afin qu’ils vivent «l’un avec l’autre une vie en commun comme s’(ils n’étaient) qu’un seul être». Ce choix n’étant pas possible techniquement, la source du bonheur conclut Aristophane est dans le retour à notre nature ancienne : en trouvant l’aimé(e) qui corresponde à sa moitié complémentaire.

Et si finalement votre mariage ou votre pacs étaient la révélation de votre nature originelle ? Un peu comme si, l’acte d’engagement pris devant la loi et les proches, venait reconnaître un état originellement présent. Je ne vous cache pas que cette lecture est un peu remise en cause par Lacan, mais accordons-nous un peu de romantisme. On reviendra plus tard à la déconstruction de ce mythe dans Le transfert. 

Et vous qu’en pensez-vous ?

Platon, Le banquet, GF Flammarion, 2007