Aujourd’hui, la revue de littérature se penche sur « deux passions dévorantes », l’amour et la nourriture ! Pendant mes balades à la bibliothèque, le livre de Willy Pasini m’a sauté aux yeux. Et je n’ai pas été déçue !
L’étude date un peu (1994) mais les thèmes sont universels. Je me suis surtout penchée sur la première partie qui aborde justement les liens récurrents entre amour et nourriture dans la culture et la vie des hommes depuis la nuit des temps.
Au moins deux points communs lient la nourriture et l’amour :
- Tous deux s’inscrivent dans un ensemble de règles sociales, on apprend l’art d’aimer et on apprend celui de manger. D’ailleurs, le premier espace d’apprentissage de ces deux notions est la famille. On fête les anniversaires avec des gâteaux, on fait des bons repas pour fêter une bonne nouvelle ou pour consoler d’une mauvaise.
- L’amour et la nourriture ont été aussi bien glorifiés que réprimés. Souvent l’oppression de l’un des concepts coïncidaient avec celle de l’autre. Qu’on pense à la gourmandise posée comme un péché capital autant que la luxure dans le christianisme ou à la pensée grecque qui associait la gourmandise à la volupté de l’amour, la satisfaction de ces deux penchants bloquant l’atteinte de la vertu suprême.
Et pour Pasini, le point commun le plus structurant est qu’on attend de ces deux choses bien plus que la satisfaction d’un besoin primaire. Nourriture et amour nous aident « à transmettre nos sentiments, les bons comme les mauvais ». Il fait ainsi un parallèle entre les repas et la sexualité de ceux qui s’aiment en opposition aux repas et à la sexualité de ceux qui ne s’aiment pas. Que ce soit dans la nourriture comme dans la sexualité, quand on aime on se donne « le plaisir de faire plaisir, (cet) aphrodisiaque inconnu » de ceux qui ne s’engagent pas dans l’amour. Au contraire, quand on ne s’aime pas, la nourriture et la sexualité peuvent être des moyens de punir l’autre, en ne donnant rien ou en donnant mal.
Les liens entre nourriture et amour se retrouvent aussi beaucoup dans le vocabulaire. On part en lune de miel, on caresse une peau de pêche, on a des joues à croquer, on se dévore du regard’. D’ailleurs, quelqu’un de gourmand séduit plus qu’un autre. C’est une des conclusions de l’étude présentée dans la deuxième partie du livre. Pasini écrit ainsi : « la bonne chère attire encore beaucoup de gens, sans doute tous ceux qui n’ont pas perdu le goût de prendre le temps de faire la cour : les gourmets de la vie le sont autant devant une nappe que sous les draps. Pour eux l’érotisme est à la sexualité ce que la gastronomie est à la cuisine ».
Willy Pasini, Nourriture et amour, deux passions dévorantes, Petite bibliothèque Payot, 1994
Commentaires
Les commentaires sont fermés.