Marie Stoessel, photographe des beaux moments et des émotions 

Portrait d’une photographe qui aime la vie et les gens !

Sortie des mariés Marie Stoessel
© Marie Stoessel

Aujourd’hui, je suis très heureuse de renouer avec l’exercice du portrait de pro sur le blog ! Dans le monde du mariage, je croise chaque année des personnes merveilleuses et certaines deviennent des copines et des copains. Parmi elles, il y a Marie Stoessel que j’ai rencontrée au festival Love & Java à Besançon en 2018. ça ne nous rajeunit pas !

Quand elle ne gère pas ce festival génial de main de maître avec ses acolytes, Marie est photographe pour les mariages et les séances en famille. Elle se concentre toujours sur les émotions pour un rendu authentique, simple et chaleureux, j’adore ! J’avais très envie de vous la présenter et de partager avec vous son œil de photographe pour les cérémonies laïques. Je vous emmène ?

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La déclaration d’amour

Idée lecture pour une cérémonie d’engagement : Alain Badiou

déclaration d'amour
© Candice Picard

J’ai déjà évoqué ce passage de L’éloge de l’amour de Badiou. Et en le relisant ce matin, je me suis dit qu’au-delà de l’explication de texte, je devais le partager dans sa longueur avec vous. Parce que c’est beau, que c’est extrêmement bien écrit et que c’est une définition de la déclaration d’amour aussi poétique que furieusement réelle. Je vous l’offre, délectez-vous. Et inspirez-vous !

Lors d’une déclaration d’amour nous dit Badiou :

« il s’agit de prononcer une parole dont les effets, dans l’existence, peuvent être pratiquement infinis. C’est bien aussi le désir du poème. Les mots les plus simples se chargent alors d’une intensité presque insoutenable. Déclarer l’amour c’est passer de l’événement-rencontre au commencement d’une construction de vérité. C’est fixer le hasard de la rencontre sous la forme d’un commencement.

déclaration-amour
© Jon Asato

Et souvent ce qui commence là dure si longtemps, est si chargé de nouveauté et d’expérience du monde que, rétrospectivement, cela apparaît non plus comme du tout comme contingent et hasardeux, comme au tout début mais pratiquement comme une nécessité. C’est ainsi que le hasard est fixé : l’absolue contingence de la rencontre de quelqu’un que je ne connaissais pas finit par prendre l’allure d’un destin. La déclaration d’amour est le passage du hasard au destin, et c’est pourquoi elle est si périlleuse, si chargée d’une sorte de trac effrayant. La déclaration d’amour, d’ailleurs n’a pas lieu forcément une seule fois, elle peut être longue, diffuse, confuse, compliquée, déclarée et re-déclarée, et vouée à être re-déclarée encore. C’est le moment où le hasard est fixé. Où vous vous dites : ce qui s’est passé là, cette rencontre, les épisodes de cette rencontre, je vais les déclarer à l’autre. Je vais lui déclarer qu’il s’est passé là, en tout cas pour moi, quelque chose qui m’engage.

Voilà : je t’aime. Si « je t’aime » n’est pas une ruse pour coucher avec quelqu’un, ce qui peut arriver, si ce n’est pas une ruse, qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce qui est dit là ? Ce n’est pas simple du tout de dire « je t’aime ». On a l’habitude de considérer ce petit bout de phrase comme absolument usé et insignifiant. D’ailleurs quelquefois, pour dire « je t’aime » on préfère employer d’autres mots plus poétiques ou moins usés. Mais c’est toujours pour dire : ce qui était un hasard, je vais en tirer autre chose. Je vais en tirer une durée, une obstination, un engagement, une fidélité. (… ) »

Alain Badiou, Nicolas Truong, Eloge de l’amour, Flammarion, 2009

«Aimer, c’est partager» par Martin Gray

Un classique de cérémonie : Martin Gray

« Aimer, c’est partager » de Martin Gray, c’est un classique. On l’entend beaucoup dans les cérémonies et ce n’est pas par hasard. Si Jacques Brel l’est aussi avec ses Souhaits aux aventuriers de la vie, avec Martin Gray on touche à autre chose. Jacques Brel, c’est la douceur et la poésie alors que Gray touche à quelque chose de plus solennel. Son ton est plus docte et nombre de ses textes peuvent être lus pour créer un moment plein de révérence.

Aimer, c'est partager
© Eva Balogh

Lire Martin Gray avec un peu de recul

Honnêtement, on peut puiser des textes très beaux dans le Livre de la vie, ou même dans Le nouveau livre, alors faites-vous plaisir ! Il y a de jolies définitions de l’amour, des réflexions sur le couple, la famille et le mariage qui portent à réflexion et peuvent apporter une belle émotion.

Mon seul bémol est dans la lecture complète de ces œuvres. Alors oui je sais, Martin Gray aurait 97 ans cette année et il a grandi à une autre époque ; il a traversé des épreuves horribles (aussi bien pendant la seconde guerre mondiale que plus tard quand il a perdu sa famille dans un incendie) mais pour le dire gentiment, ce monsieur n’était pas la personne la plus tolérante du monde. Quant à l’homosexualité notamment ou au rôle de la femme. Et c’est pour cela que j’ai été plus d’une fois circonspecte quand je lisais ses livres dans leur intégralité.

Ce bémol étant posé, je vous laisse juges des textes et vous présente ce classique de cérémonie. Il fait partie de ces définitions qu’on imagine bien lues par un parent ou une figure parentale. Et vous, qu’en pensez-vous ?

Alors aimer c’est quoi selon Martin Gray ?

Aimer, c’est partager des mots, des regards, des espoirs, des craintes.
L’Amour n’est jamais contrainte.
Il est joie, liberté, force.
L’Amour est emportement et enthousiasme.
L’Amour est risque.
N’aiment et ne sont pas aimés ceux qui veulent épargner, économiser leurs sentiments.
L’Amour est générosité, l’amour est prodigalité, l’amour est échange.
Qui donne beaucoup reçoit beaucoup en fin de compte.
Car nous possédons ce que nous donnons.
Aimer ce n’est pas mutiler l’autre, le dominer, mais l’accompagner dans sa course, l’aider.
Savoir accepter l’autre tel qu’il est.
Être joyeux du bonheur qu’il trouve.
L’aimer dans sa totalité : pour ce qu’il est, laideur et beauté, défauts et qualités.
Voilà les conditions de l’Amour.
Car l’Amour est une vertu d’indulgence, de pardon et de respect de l’autre.

 

Martin Gray, Le livre de la vie, « Aimer, c’est partager »

La Philothérapie d’Eliette Abécassis

Philosopher pour mieux aimer

Philothérapie d'Eliette Abecassis
© Lili Kovac

Le pitch philothérapique 

J’ai lu la philothérapie d’Eliette Abécassis cet été, sur les conseils d’une de mes élèves de la formation « Wedding Officiant » à l’International Wedding Institute, merci Manon !

C’est l’histoire d’une jeune femme qui, après une rupture et des déceptions, veut « guérir de l’amour » car ça lui fait trop mal. Pour effacer la douleur, elle cherche donc à en effacer la cause : l’amour. Elle tombe alors par hasard chez son libraire sur la carte d’un « philothérapeute » et décide de tenter le coup. Et oui pourquoi pas la philo ?

A travers ses différents cours, elle va apprendre à distinguer les mille nuances de l’amour en identifiant ce qui est désir, ce qui est envie ou encore simplement l’amour de soi. Elle apprendra aussi que plutôt que guérir de l’amour, on peut aimer simplement, sereinement en sachant ce qu’on y abandonne et ce qu’on y trouve.

Je n’ai pas tout aimé dans ce livre, j’y ai trouvé des longueurs et j’avais deviné trop tôt le secret sur un des personnages, mais il y a de jolis passages philosophiques que je vous invite à visiter. On y retrouve évidemment Le banquet, mais pas que ! J’y ai aussi trouvé une belle définition du sentiment amoureux et de ce qu’il donne à ressentir. Alors je me suis dit que ça pourrait vous inspirer. C’est juste ci-dessous, vous me direz ce que vous en pensez !

Philothérapie-d'Eliette-Abecassis
© Alice Hampson

Extrait de Philothérapie d’Eliette Abécassis

« L’amour ne produit pas de vérité (…). Il produit du sens. L’amour, parce qu’il est un discours, est
même le plus grand producteur de sens. L’état amoureux donne à vivre, donne à voir, comprendre, il
offre une énergie telle qu’elle unifie et organise tout autour de lui. C’est une couleur qui s’empare d’un
ciel gris. C’est une musique qui couvre le bruit des voitures le matin. C’est un goût que prend chaque
aliment, même le plus fade. C’est un parfum enivrant, qui exalte les sens. L’amour remplit le monde
de beauté, de spiritualité et d’intelligence. Il ouvre les cœurs à la bienveillance. Quand on aime, on
aime le monde entier. »

 

Philothérapie, Eliette Abécassis, 2016, Flammarion

Dimanche soir

Une déclaration comme des vœux

Dimanche soir
© Nathan Dumlao

Emprunter les mots de Grand Corps Malade pour exprimer ce qu’on ressent

Cet homme a du talent, un vrai talent de parolier. Le talent de mettre en mots des sentiments tellement évidents qu’ils en deviennent souvent indicibles. A l’écouter, on se dit « mais oui c’est ça, c’est exactement ça que je ressens ». Et ça marche encore avec cette chanson Dimanche Soir. Cette année, elle a été lue à deux voix comme une note d’intention de la cérémonie qui s’ouvrait, pour installer le ton. Elle donnait la dimension de l’amour qui était célébré : un amour serein et pourtant chaque jour ébahi du miracle constant de son existence.

J’aimais bien cette idée de la note d’intention, mais en le relisant ce matin, je me dis aussi que pour les pudiques ou les personnes peu à l’aise avec l’écriture, ce chanson pourrait faire office de vœux. En croisant les voix sur ce texte, on pourrait exprimer simplement et sincèrement ce dont les vœux témoignent. Qu’en pensez-vous ?

Dimanche soir,

Parce qu’avec toi le temps a pris de nouvelles dimensions
Que ma routine s’est égarée dans ces changements de direction
Parce que les jours de la semaine se mélangent dans ce bazar
Parce que c’est toi, parce que t’es là, je n’ai plus peur du dimanche soir.

Parce que ça arrive tellement souvent que je sois en pic de sentiments
Et que ma pudeur accepte quand même de te le faire comprendre gentiment
Parce qu’il paraît que l’homme s’habitue vite, s’habitue trop
Et qu’moi je sais que mes deux mains ne se lasseront jamais de ta peau.

Quand je vois tout ce qu’on a construit, je me dis que dix ans c’est tellement long
Et puis je me dis que c’est tellement court à chaque fois que s’affiche ton prénom
Parce que le temps n’a pas d’emprise sur la couleur de tes yeux
Parce que le vent éteint une petite flamme mais attise un grand feu.

Parce qu’on s’est tant rapprochés que nos souvenirs se ressemblent
Parce que quand la vie n’est pas simple, c’est tellement mieux d’être ensemble
Parce que je sais que le lundi, je vais te parler et te voir
Parce que c’est toi, parce que t’es là, je n’ai plus peur du dimanche soir.

Je l’ai dans la tête comme une mélodie alors mes envies dansent
Dans notre histoire rien n’est écrit mais tout sonne comme une évidence
Parfois elle aime mes mots mais cette fois c’est elle que mes mots aiment
Et sur ce coup là c’est elle qui a trouvé le plus beau thème.

Parce que je te chambre sur tes manies mais que je pourrai plus me passer d’elles
Parce que je me moque de tes défauts mais qu’ils me sont devenus essentiels
Parce qu’avant de te regarder partir, je te vois te maquiller dans le miroir
Parce que c’est toi, parce que t’es là, je n’ai plus peur du dimanche soir.

Parce qu’on est libres quand on est forts et plus forts quand nos liens se soudent
Qu’une mauvaise passe devient alors moins profonde que le creux du coude
Parce que tous les nuages du monde n’empêchent pas les pleines lunes
Et que chaque fois qu’elles brillent, c’est nos débuts qui se rallument.

Parce que tu sais ce que j’aime, parce que je sais ce que tu veux
Et que c’est quand même une première fois dès qu’on est seuls tous les deux
Parce que 120 mois plus tard, je viens encore juste de te rencontrer
Parce que tu es mon plan A et que tu seras aussi mon plan B.

Après dix ans d’un beau voyage où je me rappelle de chaque seconde
Après dix ans qui ont vu naître les quatre plus beaux yeux du monde
C’est toi qui as trouvé le plus beau thème de notre histoire
Parce que c’est toi, parce que t’es là, je n’ai plus peur du dimanche soir.

Je l’ai dans la tête comme une mélodie alors mes envies dansent
Dans notre histoire rien n’est écrit mais tout sonne comme une évidence
Parfois elle aime mes mots mais cette fois c’est elle que mes mots aiment
Et sur ce coup là c’est elle qui a trouvé le plus beau thème.

Je n’ai plus peur du dimanche soir.

Dimanche soir, Grand Corps Malade, Paroliers : Fabien Marsaud / Bruno Dias

Ce qu’il faut pour être heureux

Quand Voltaire nous guide vers le bonheur

Ce qu'il faut pour être heureux pour une cérémonie
© Kinga Cichewicz

Ce qu’il faut pour être heureux ? Vaste question. Existe-t-il réellement une recette du bonheur ? Personnellement, je pense qu’il y en a plein de recettes, pour moi elles varient entre chaque personne et même au cours d’une vie.

Pourtant, il est toujours bon d’aller piocher quelques directions, quelques idées parmi les jolis textes que la littérature nous propose. Ici, c’est une proposition de l’illustre Voltaire, et ça me semble une définition assez sympathique de ce qu’il faut pour être heureux. On pourrait l’enrichir, on pourrait retirer certains sujets, libre à vous évidemment. Mais j’ai l’impression que ces idées constituent une bonne base. Une base dont s’inspirer dans la vie comme pour une cérémonie laïque ! Et vous qu’en pensez-vous ?

 

Il faut penser ; sans quoi l’homme devient,
Malgré son âme, un vrai cheval de somme.
Il faut aimer ; c’est ce qui nous soutient ;
Sans rien aimer il est triste d’être homme.

Il faut avoir douce société,
Des gens savants, instruits, sans suffisance,
Et de plaisirs grande variété,
Sans quoi les jours sont plus longs qu’on ne pense.

Il faut avoir un ami, qu’en tout temps,
Pour son bonheur, on écoute, on consulte,
Qui puisse rendre à notre âme en tumulte,
Les maux moins vifs et les plaisirs plus grands.

Il faut, le soir, un souper délectable
Où l’on soit libre, où l’on goûte à propos,
Les mets exquis, les bons vins, les bons mots
Et sans être ivre, il faut sortir de table.

Il faut, la nuit, tenir entre deux draps
Le tendre objet que notre cœur adore,
Le caresser, s’endormir dans ses bras,
Et le matin, recommencer encore.

 

Voltaire, Ce qu’il faut pour être heureux

D’autres idées de lecture pour une cérémonie

L’amour vrai, c’est ce qui reste quand on a cessé d’être amoureux

L’amour est-ce être amoureux?

L'amour vrai, c'est ce qui reste quand on a cessé d'être amoureux - lecture pour une cérémonie

Quand les proches de mes mariés dénichent des pépites, je ne peux que leur dire merci ! Et cette fois, c’est la cousine du marié qui m’a envoyé cette proposition de définition de l’amour. Je ne connaissais pas ce texte de Louis de Bernières et j’aime sa poésie aussi délicate qu’abrupte ! « L’amour vrai, c’est ce qui reste quand on a cessé d’être amoureux » dit-il. Alors au-début on peut être choqué, puis on comprend et on applaudit !

Cette lecture très courte s’intégrera parfaitement dans une cérémonie laïque. On pourrait, pourquoi pas, la proposer en tout début de cérémonie, comme une introduction à propos de l’amour. Ou alors, pensez à l’intégrer juste avant les engagements des mariés pour renforcer le solennel du moment à venir.

En tout cas, si vous avez envie de bousculer un peu vos invités, intriguez-les avec cet extrait de La mandoline du Capitaine Corelli !

« L’amour est une folie passagère, il entre en éruption comme un volcan et se calme ensuite. Et quand il se calme, il faut prendre une décision. Il faut voir si vos racines se sont emmêlées à un tel point qu’il est inconcevable de vous séparer. Parce que c’est ça l’amour. L’amour, ce n’est pas la respiration coupée, ce n’est pas l’excitation, ce n’est pas l’échange de promesses d’une passion éternelle. Ça, c’est simplement être « amoureux », ce qui est à la portée du premier imbécile venu.
L’amour vrai, c’est ce qui reste quand on a cessé d’être amoureux, et c’est à la fois un art et un heureux accident. Ceux qui aiment vraiment, ont des racines qui poussent les unes vers les autres, et quand toutes les jolies fleurs sont tombées de leurs branches, ils constatent qu’ils sont un arbre et non deux. »
La mandoline du Capitaine Corelli, Louis de Bernières, 1994

Alors ce sera merveilleux quand tu m’auras apprivoisé!

Le petit prince et le renard

Le petit prince
© Dana Critchlow

Je ne sais pas vous mais je trouve que la manière dont le renard de Saint Exupéry décrit ce que veut dire apprivoiser constitue une des plus belles définitions de l’amour et du lien qu’il crée entre deux personnes. Le Petit Prince pourrait d’ailleurs constituer une lecture de cérémonie dans sa quasi intégralité tant il est rempli de poésie mais aussi d’un léger recul acidulé. Alors aujourd’hui, je vous propose de réapprendre à apprivoiser. Et si cela fait longtemps que vous n’avez pas relu Le Petit Prince, n’attendez plus, allez le chercher dans votre bibliothèque et retrouvez votre âme d’enfant pendant quelques heures !

le petit prince
© Callie Morgan

Qu’est-ce que signifie « apprivoiser »?

– C’est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie « créer des liens… »
– Créer des liens ?
– Bien sûr, dit le renard. Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde…

(…)
Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m’ennuie donc un peu. Mais, si tu m’apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m’appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde ! Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c’est triste ! Mais tu as des cheveux couleur d’or. Alors ce sera merveilleux quand tu m’auras apprivoisé ! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j’aimerai le bruit du vent dans le blé…

Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince :
– S’il te plaît… apprivoise-moi ! (…) Et tu ne dois pas l’oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. »

 

Le Petit Prince, Antoine de Saint Exupéry, 1943

Du mariage, d’André Noiret

Une idée de définition pour une lecture de cérémonie

Pour donner vie à ce poème, Du mariage, d’André Noiret, on peut envisager plusieurs mises en scène et différents intervenants. Là, à brûle pourpoint, j’aurais deux idées que je m’empresse de partager avec vous.

Dans un premier temps, j’imagine une voix d’enfant prononcer les mots de ce joli poème d’André Noiret. Cet enfant, cela pourrait être le vôtre ou votre filleul.e ? Vous auriez appris le poème tous ensemble et vous le réciteriez aussi ensemble. Vous, les lèvres entrouvertes, sur vos mots muets pour laisser toute sa place à ce petit être qui récite fièrement pour vous deux. Pensez à sa petite voix appliquée qui ferait résonner, vers par vers, cette idée du mariage décrite par Noiret. Puis tous vos invités retiendraient leur souffle pour applaudir l’enfant au poème !

Mais on peut aussi confier cette lecture à un adulte, bien sûr ! Un parent peut-être, qui pourrait clore la cérémonie par ces quelques vers. Ce serait alors comme une affirmation de l’engagement qui vient d’être pris. Comme une manière de sceller votre union.

Du mariage, d'André Noiret
© Bridget Flohe

Du Mariage, d’André Noiret

Deux cœurs qui s’unissent,
Afin de devenir le même alliage.
Deux âmes qui s’aiment,
Et tentent le plus beau des poèmes.
S’aimer et se chérir quels que soient les orages.
Se prêter serment de fidélité,
Et tenter de vaincre la continuité.

Le mariage,
C’est comme le dit l’usage.
Un grand présage,
Pour des adultes enfin devenus sages.
En souhaitant qu’ils ne quittent jamais leur plage.
Où ils verront ensemble défiler bien des âges

 

Et vous, vous l’imaginez comment ?

C’est en risquant qu’on devient vivant et aimant

Lecture de cérémonie, Jean Vanier

C'est en risquant qu'on devient vivant et aimant

Comme ça faisait longtemps que je n’avais pas partagé une idée lecture avec vous. Alors, je me suis dit qu’il fallait remédier immédiatement au manque en question ! Voici donc, pour vous, un extrait d’un texte de Jean Vanier résumant des beaux conseils d’amour, pour l’amour. L’amour de ceux qui se marient, mais aussi de ceux qui s’aiment en général. J’imagine bien ce texte lu par des membres de la famille des mariés ou par des ami.e.s de toujours. Suivi ensuite d’un discours « accueillant » la nouvelle personne dans la famille ou la tribu de manière générale.

Cela sonne pour moi comme un message de bienveillance et de tendresse. Une tendresse attentive à l’autre et forte de ce message : « C’est en risquant qu’on devient vivant et aimant ». Le mariage est une forme de risque, un risque que l’on prend et que l’on revendique haut et fort. Un risque qu’on défend chaque jour un peu plus.

Et vous, vous l’imaginez où ce texte ?

Donner de l’espace à l’autre
Accueillir quelqu’un, ce n’est pas le prendre pour l’étouffer ou le changer selon mes idées et ma façon de voir
Accueillir, c’est donner de l’espace à l’autre à l’intérieur de moi, pour qu’il puisse m’apporter
quelque chose et, par le fait même, me transformer un peu.

L’accueil est une ouverture, une capacité un désir d’évolution, de changement, de croissance.

Dans l’accueil, il y a un élément d’inattendu.
Je n’agis plus en maître.
Je reçois ce qui m’est donné.
Recevoir quelqu’un pour prendre dans ses idées ce qui peut m’enrichir et le rejeter quand il me dérange, ce n’est pas l’accueil.

Accueillir c’est s’exposer à un risque.

La vie est risque.

C’est en risquant qu’on devient vivant et aimant.

Et le fruit de ce risque, c’est la fidélité de l’amour, la tendresse éprouvée, la célébration d’une alliance.